mercredi 9 mai 2018

Outrage par Maryssa Rachel

mercredi 9 mai 2018
Résumé : Rose est une femme libre, indépendante, torturée, traumatisée, elle s’est construit une carapace de survie.
Elle fuit l’amour par peur de l’attachement. Elle est perverse, passionnée, cyclique, addict au sexe et à l’alcool mondain. Mais ce soir-là, dans un bar, elle tombe amoureuse d’un être qui lui ressemble, peut être un peu trop. Tout en lui la repousse et pourtant… Lui, c’est Alex, un artiste paumé, un je-m’en-foutiste tout aussi névrosé qu’elle.
Rose va vivre cette passion destructrice où Alex la guide, la commande, la déconstruit, la fabrique, la façonne… Rose n’écoute pas la bête qui rugit en elle et qui lui dit  » fuis « . Son corps, son sexe deviennent chaque jour plus douloureux, mais elle tient, par amour pour cet homme qui la dévore chaque jour un peu plus…
Puis vient la douleur du déchirement. Alors, elle va essayer de noyer ses maux dans la seule addiction qui lui permet d’échapper à la douleur : le sexe.

Titre : Outrage
Auteur : Maryssa Rachel

Editions : Hugo Roman

J’ai voulu me faire ma propre opinion sur Outrage.

Au début, je trouvais l’idée intéressante. Le potentiel était là pour que le roman marque dans le bon sens. Après tout une héroïne peut sombrer dans une addiction au sexe après une enfance difficile et une relation malsaine avec un homme. Honnêtement, j’étais prise aux tripes pendant une partie du livre. La description des sentiments de la jeune femme était d’une grande justesse. Le côté toxique de l’individu était bien retranscrit.

Sa descente aux enfers aurait pu me toucher autant. Sauf que la plume de l’autrice est venue tout gâcher à mes yeux. Ses petits élans poétiques ont desservi l’intrigue et m’ont carrément fait perdre le fil de la narration. L’écriture n’est-elle pas censée être un allié de l’histoire ? J’adore les envolées lyriques mais je préfère quand même la simplicité pour que je comprenne ce qui se passe…

En plus, certaines situations tombaient dans le trash inutile. Je les ai trouvées plus repoussantes qu’autre chose. A-t-on besoin de décrire tous les détail pour en saisir en l’horreur ? Non. Parfois, il est même plus efficace de ne pas nous montrer, de laisser l’imagination du lecteur faire le reste. En général, nous sommes très douées pour visualiser le pire des scénarios.

Du coup, je suis ressortie de ce roman frustrée. Ce livre aurait pu me remuer pour me faire réfléchir. Là, non. Le potentiel est gâché parce que la plume de l’autrice ne sert pas l’intrigue. Ses images rendent la narration confuse tandis que les scènes de violence vont beaucoup trop loin et achèvent de ruiner l’histoire.


Je ne conseille pas

mardi 8 mai 2018

[Manga] Le mari de mon frère par Gengoroh Tagame

mardi 8 mai 2018

Résumé : Yaichi élève seul sa fille. Mais un jour, son quotidien va être perturbé… Perturbé par l'arrivée de Mike Flanagan dans sa vie. Ce Canadien n'est autre que le mari de son frère jumeau… Suite au décès de ce dernier, Mike est venu au Japon, pour réaliser un voyage identitaire dans la patrie de l'homme qu'il aimait. Yaichi n'a pas alors d'autre choix que d'accueillir chez lui ce beau-frère homosexuel, vis-à-vis de qui il ne sait pas comment il doit se comporter. Mais ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Peut-être que Kana, avec son regard de petite fille, saura lui donner les bonnes réponses…

Titre : Le Mari de mon frère vol. 1 à 4

Auteur : Gengoroh Tagame

Editions : Ataka

Le mari de mon frère est une lecture qui remonte à plusieurs mois. Ma mémoire devrait avoir oublié des choses sauf que je l’ai relu trois ou quatre fois depuis, sans compte celles où je me contente de redécouvrir un passage précis. Il va sans dire que cela donne une idée de mon verdict final sur cet ouvrage…

Ce manga, je l’ai adoré. C’est un coup de cœur. Je l’ai dévoré la première fois que je l’ai eu entre les mains. J’ai été conquise par l’histoire de Yaichi, Kana et Mike. Ce sont des chroniques de vie, ou plutôt d’un voyage, celui que Mike effectue pour rencontrer la famille de son défunt mari. Ce n’est pas facile pour lui de se faire accepter, car Yaichi est mal à l’aise. Il ne sait pas comment se comporter avec lui. Heureusement, Kana, sa fille, est là pour l’aider à changer dans le bon sens. À la différence de son père, elle va considérer Mike comme son oncle sans se poser de questions. Il est de sa famille et puis c’est tout.
En suivant l’évolution de Yaichi, on découvre comment l’homosexualité est perçue au Japon. J’ai beaucoup aimé une discussion entre Yaichi et Natsuki où cette dernière explique à son ex-mari, que ce n’est pas parce qu’on n’entend pas parler des discriminations qu’elles n’existent pas. Elle est là, on le découvre au fil des volumes. Elle ne se traduit pas par des insultes, mais par des conversations où les choses sont dites à demi-mot ou un coming-out impossible à envisager. Est-ce normal de devoir dîner loin de son quartier pour éviter les rumeurs ?

Ces évènements vont pousser Yaichi à réfléchir sur sa relation avec son frère, Ryôji. A-t-il si aussi bien réagi qu’il le pensait ? Et si c’était le cas, pourquoi son jumeau ne lui a-t-il plus donné de nouvelles depuis son départ à l’étranger ?

En quatre tomes, le mari de mon frère parvient à offrir une leçon de vie touchante portée par des personnages justes et attachants. Quand vient la fin, la tristesse de les quitter est bien présente. Du coup, j’essaie de les retrouver en lisant, relisant leur histoire et en imaginant que l’avenir ne les séparera pas et qu’ils resteront une famille unie.



Verdict : Je conseille


lundi 7 mai 2018

Je râle #5 : La description

lundi 7 mai 2018
Aujourd’hui, je ne vais pas râler sur la longueur des descriptions même si certaines le méritent. Je ne vais pas non plus me plaindre des récits où elles sont plus présentes que l’action. Non, non, je préfère parler de celle qui me tape sur les nerfs :

La description des personnages féminins…

Par les écrivains.



Non pas les autrices. Cela ne veut pas dire que leurs descriptions sont parfaites, mais je ne tique pas autant quand je les découvre. D’ailleurs sur quoi vais-je tiquer chez leurs confrères masculins ? Je vais prendre deux exemples.

J’ai lu deux extraits récemment : Amalia par Daryl Delight et Personaé par Elijaah Lebaron. Dans les deux, je me suis retrouvée à râler sur la manière dont leurs héroïnes étaient décrites. Honnêtement, ça m’a coupé l’envie de poursuivre.

Dans Amalia, le personnage donne l’impression de n’être qu’une chevelure dotée d’une poitrine imposante et d’une paire de fesses. Le reste ne semblait pas d’importance. En même temps, elle est venue séduire ou provoquer son mari. Alors quel intérêt de connaître la couleur de ses yeux ? De savoir sa taille ? Non. Mieux vaut se concentrer sur les parties sexualisées de son corps, car les hommes ne regardent que cela…*soupir*

Sauf que s’identifier à un objet sexuel, ou un fantasme, ce n’est jamais agréable pour une lectrice.

Dans Personaé, les descriptions ne sont pas meilleures. En fait, les trois personnages féminins présentés sont tous des canons. Bon, que la déesse le soit, pourquoi pas ? Maintenant il existe des mythologies où ce n’est pas le cas. Mais les autres, avaient-elles besoin de l’être aussi ? (Spoiler : non) La première donne des envies malsaines à un des proches de son entourage, sans doute à cause de ses courbes voluptueuses… La seconde ? C’est encore pire. Cette combattante aux lèvres charnues a un charme irrésistible. Résultat, plusieurs hommes tombent la chemise pour coucher avec elle. Le plus drôle — non — c’est qu’elle se sent obligée de le faire. Ben oui, il ne faudrait pas reculer devant ses responsabilités.

(Oui, oui, c’est ce qui est écrit. Elle couche par responsabilité. Pas parce qu’elle a envie ou qu’elle ait consentante. Non. Ben non. Non, elle doit juste le faire. Je vous laisse deviner ma tête lors de ce passage malsain au possible. Je rappelle que la contrainte rentre dans la définition juridique du viol… Donc dans cette histoire, on a un personnage féminin qui le risque, nous en avons un second qui subit un rapport sexuel. Je n’ose imaginer la suite. Je pourrais faire un autre « je râle » sur ce début de roman.)

Pour en revenir à la description, nous avons deux auteurs qui représentent des femmes en sexualisant leurs corps. Elles ne sont que courbes, poitrines ou lèvres charnues. Elles ressemblent à ses gravures de mode lisses que l’on trouve dans les magazines qui nous rendent la vie impossible. En fait, les femmes ne sont montrer que sous l’angle de la beauté et souvent sur le même modèle…

Sauf que l’apparence des femmes ne se définit pas que par sa beauté. Son but n’est pas d’attirer le mâle ou de lui donner du plaisir. Non, nos corps peuvent se décrire au travers de notre existence. Nos coupes peuvent coller à nos emplois. Nos ongles se raccourcissent pour les tâches qu’il nous faut accomplir. Nos mains s’abîment si notre travail est physique. Nos mèches peuvent blanchir au milieu de la vingtaine aussi, avant que les rides ne soient venues enrichir une peau trop lisse. Des vergetures, de la cellulite et des cicatrices s’installent sur notre épiderme même lorsqu’on tente de ressembler à ces filles trop minces sur les couvertures. Nos corps ne rentrent pas tous dans les 34 ou 36… Quant aux culottes aux dentelles, elles n’ont rien de confortable.

Et ma liste n’est pas exhaustive. Les femmes ne possèdent pas qu’un physique. Elles en possèdent des milliers, sauf qu’il n’y en a qu’un qui plaise aux hommes. En même temps, la cicatrice ne peut pas être attirante chez une femme… Ses poils sont sales alors que ceux du mâle non. Quant aux apparences atypiques, elles sont charismatiques au masculin. Pas au féminin. 

Pourquoi ? Pourquoi même les livres nous interdisent-ils ce droit ? Pourquoi continuer à sexualiser certaines parties de nos corps ? Pourquoi ne pas représenter ce à quoi nous ressemblons vraiment ?

Si la beauté n’est pas celle que l’on voit dans les magazines, pourquoi est-elle la norme dans le cinéma, la télévision ou la littérature ?

J’en ai assez de ne pas pouvoir m’identifier à ces demoiselles aux courbes impossibles, toujours séduisantes, toujours attirantes. Ne pourrait-on pas avoir un personnage féminin à l’apparence banale, qui ne soit pas forcément au centre de l’attention masculine et qui existe sans donner envie aux hommes de la sauter ? Elle pourrait avoir un autre rôle que celui de l’intérêt romantique. Ou de l’intérêt sexuel. Elle pourrait remplir une mission sans tomber amoureuse du premier venu. Non parce que si les héros le font, les héroïnes aussi peuvent le faire.

Si quelques auteurs passent par là, je voudrais qu’ils songent à diversifier le physique féminin, qu’ils cessent de le décrire comme un objet sexuel et qu’ils lui offrent la même richesse que ceux de leurs homologues masculins.

Bref apprenez à représenter les femmes en tant qu’être humain et non en tant que fantasme.

dimanche 6 mai 2018

Personnage féminin #5 : Claire Randall

dimanche 6 mai 2018
Claire, je l’aime. 

Elle débarque à une autre époque, mais ne se laisse pas démonter. Elle utilise les quelques connaissances acquises par le biais de son époux pour s’en sortir. Elle jure comme un charretier. Elle prend une cuite la veille de son mariage forcé. Elle se retrouve mariée à deux hommes. Elle porte ses deux alliances au même doigt et refuse d’en retirer une. Enfin, elle n’hésite pas à en découdre physiquement avec Jamie lorsque ce dernier ose l’accuser injustement. 

Ce sont ces moments qui me font apprécier Claire parce qu’elle ne va pas se laisser marcher sur les pieds. Oh bien sûr, il va lui arriver de céder face à Jamie, qui mérite quand même des claques, mais elle sait lui tenir tête. Elle l’initie même le jour de leur nuit de noces.

Claire n’est pas une petite chose fragile. Claire est une meneuse. Je dois avouer que je préfère celle des romans. Pourquoi ? Parce que certaines scènes me manquent dans l’adaptation télévisuelle. J’ai cette impression étrange que l’on favorise Jamie au détriment de Claire. D’ailleurs ce que j’aime dans les livres aussi, c’est les changements de point de vue.

Parfois le « je » de Claire laisse place au « il » de Jamie ou à celui de Roger. Il est possible alors de la découvrir sous un autre jour, de voir les failles que son « je » peut nous cacher. Je pense à certaines scènes du sixième ou septième tome — suivant le découpage de l’éditeur — où la fragilité de Claire transparaît, où l’on prend conscience de toute la souffrance qu’elle éprouve à la suite du calvaire qu’elle a vécu.

Finalement, c’est Claire qui me pousse à poursuivre Outlander, Claire qui réussit à ne pas devenir une caricature d’elle-même alors que son autrice ne cesse de l’accabler de malheurs. D’ailleurs, je l’avoue, je rêve que la saga se termine. D’un, elle tire sur la corde. De deux, le viol y est bien trop présent à mon goût.

Et ma plus grande peur reste celle de voir Claire passer du statut de grande dame à celui d’ombre qu’elle ne mérite pas. Ce n’est pas encore le cas et rien ne m’empêche donc de vous inviter à faire sa connaissance en lisant Outlander. Laissez-la-vous séduire et vous démontrez que si elle est la narratrice, ce n’est pas pour rien. Elle porte l’histoire sur ses épaules. N’en déplaise à Jamie que j’ai adoré au départ avant de voir mon avis se nuancer. 


Encore un Chapitre © 2014