lundi 7 mai 2018

Je râle #5 : La description

lundi 7 mai 2018
Aujourd’hui, je ne vais pas râler sur la longueur des descriptions même si certaines le méritent. Je ne vais pas non plus me plaindre des récits où elles sont plus présentes que l’action. Non, non, je préfère parler de celle qui me tape sur les nerfs :

La description des personnages féminins…

Par les écrivains.



Non pas les autrices. Cela ne veut pas dire que leurs descriptions sont parfaites, mais je ne tique pas autant quand je les découvre. D’ailleurs sur quoi vais-je tiquer chez leurs confrères masculins ? Je vais prendre deux exemples.

J’ai lu deux extraits récemment : Amalia par Daryl Delight et Personaé par Elijaah Lebaron. Dans les deux, je me suis retrouvée à râler sur la manière dont leurs héroïnes étaient décrites. Honnêtement, ça m’a coupé l’envie de poursuivre.

Dans Amalia, le personnage donne l’impression de n’être qu’une chevelure dotée d’une poitrine imposante et d’une paire de fesses. Le reste ne semblait pas d’importance. En même temps, elle est venue séduire ou provoquer son mari. Alors quel intérêt de connaître la couleur de ses yeux ? De savoir sa taille ? Non. Mieux vaut se concentrer sur les parties sexualisées de son corps, car les hommes ne regardent que cela…*soupir*

Sauf que s’identifier à un objet sexuel, ou un fantasme, ce n’est jamais agréable pour une lectrice.

Dans Personaé, les descriptions ne sont pas meilleures. En fait, les trois personnages féminins présentés sont tous des canons. Bon, que la déesse le soit, pourquoi pas ? Maintenant il existe des mythologies où ce n’est pas le cas. Mais les autres, avaient-elles besoin de l’être aussi ? (Spoiler : non) La première donne des envies malsaines à un des proches de son entourage, sans doute à cause de ses courbes voluptueuses… La seconde ? C’est encore pire. Cette combattante aux lèvres charnues a un charme irrésistible. Résultat, plusieurs hommes tombent la chemise pour coucher avec elle. Le plus drôle — non — c’est qu’elle se sent obligée de le faire. Ben oui, il ne faudrait pas reculer devant ses responsabilités.

(Oui, oui, c’est ce qui est écrit. Elle couche par responsabilité. Pas parce qu’elle a envie ou qu’elle ait consentante. Non. Ben non. Non, elle doit juste le faire. Je vous laisse deviner ma tête lors de ce passage malsain au possible. Je rappelle que la contrainte rentre dans la définition juridique du viol… Donc dans cette histoire, on a un personnage féminin qui le risque, nous en avons un second qui subit un rapport sexuel. Je n’ose imaginer la suite. Je pourrais faire un autre « je râle » sur ce début de roman.)

Pour en revenir à la description, nous avons deux auteurs qui représentent des femmes en sexualisant leurs corps. Elles ne sont que courbes, poitrines ou lèvres charnues. Elles ressemblent à ses gravures de mode lisses que l’on trouve dans les magazines qui nous rendent la vie impossible. En fait, les femmes ne sont montrer que sous l’angle de la beauté et souvent sur le même modèle…

Sauf que l’apparence des femmes ne se définit pas que par sa beauté. Son but n’est pas d’attirer le mâle ou de lui donner du plaisir. Non, nos corps peuvent se décrire au travers de notre existence. Nos coupes peuvent coller à nos emplois. Nos ongles se raccourcissent pour les tâches qu’il nous faut accomplir. Nos mains s’abîment si notre travail est physique. Nos mèches peuvent blanchir au milieu de la vingtaine aussi, avant que les rides ne soient venues enrichir une peau trop lisse. Des vergetures, de la cellulite et des cicatrices s’installent sur notre épiderme même lorsqu’on tente de ressembler à ces filles trop minces sur les couvertures. Nos corps ne rentrent pas tous dans les 34 ou 36… Quant aux culottes aux dentelles, elles n’ont rien de confortable.

Et ma liste n’est pas exhaustive. Les femmes ne possèdent pas qu’un physique. Elles en possèdent des milliers, sauf qu’il n’y en a qu’un qui plaise aux hommes. En même temps, la cicatrice ne peut pas être attirante chez une femme… Ses poils sont sales alors que ceux du mâle non. Quant aux apparences atypiques, elles sont charismatiques au masculin. Pas au féminin. 

Pourquoi ? Pourquoi même les livres nous interdisent-ils ce droit ? Pourquoi continuer à sexualiser certaines parties de nos corps ? Pourquoi ne pas représenter ce à quoi nous ressemblons vraiment ?

Si la beauté n’est pas celle que l’on voit dans les magazines, pourquoi est-elle la norme dans le cinéma, la télévision ou la littérature ?

J’en ai assez de ne pas pouvoir m’identifier à ces demoiselles aux courbes impossibles, toujours séduisantes, toujours attirantes. Ne pourrait-on pas avoir un personnage féminin à l’apparence banale, qui ne soit pas forcément au centre de l’attention masculine et qui existe sans donner envie aux hommes de la sauter ? Elle pourrait avoir un autre rôle que celui de l’intérêt romantique. Ou de l’intérêt sexuel. Elle pourrait remplir une mission sans tomber amoureuse du premier venu. Non parce que si les héros le font, les héroïnes aussi peuvent le faire.

Si quelques auteurs passent par là, je voudrais qu’ils songent à diversifier le physique féminin, qu’ils cessent de le décrire comme un objet sexuel et qu’ils lui offrent la même richesse que ceux de leurs homologues masculins.

Bref apprenez à représenter les femmes en tant qu’être humain et non en tant que fantasme.

4 commentaires:

  1. Je le vois très souvent aussi, plus souvent chez les auteurs que autrices (même si elles aussi peuvent avoir une misogynie bien intégrée). Ca me fait TELLEMENT lever les yeux au ciel.
    Soit ce sont des canons avec des seins et des fesses bombés, soit ce sont des femmes laides (souvent grosses comme par hasard !) mais qui donnent envie d'être "maternée"... genre le syndrome de "la mère et la putain"... -_-
    Très bon coup de gueule !

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    1. Merci !

      En parlant d'autrices, je viens d'en lire deux qui m'ont fait lever les yeux au ciel avec leur traitement de deux personnages. La particularité des deux perso ? Ce sont des violeurs. Y en a qui passe pour sympathique car il est sympa avec une femme enceinte. Quant à l'autre... ça fera l'objet d'un "je râle" car la construction du récit, ça entérine l'idée que tout le monde mérite une seconde chance même après avoir violé ou tué pour l'obtenir... Je suis au-delà de la colère. Bref cette rubrique n'est pas prête de mourir !

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  2. Ah, mais je suis tellement d'accord avec toi ! Ça m'horripile. En un peu moins flagrant, ça m'avait fait l'effet avec le premier tome de Phobos (que j'ai abandonné, d'ailleurs) : l'auteur insiste tellement sur la flamboyante crinière de son héroïne queue ne m'attendais les yeux au ciel à chaque fois, et que je lui criais dessus lentement «ça va, on a compris qu'elle est rousse !!!».
    Et de manière générale, je trouve que suivent, luttes scènes de fesses sont assez problématiques. Soit carrément au stade où on n'est pas loin du viol, et où c'est banalisé au possible, soit où c'est tellement pas réaliste que ça me fait marrer (qui n'a jamais lu un marathon sexuel de plusieurs heures avec 42 orgasmes et où c'est ça à chaque fois ? Même dans des genres sorti n'ont rien à voir avec la romance érotique) (d'ailleurs, dans ce cas, c'est aussi souvent écrit par des femmes que par des hommes).
    (Désolée pour le pavé, ahah, je mythe suis emballée)
    (Et j'adore le concept de ce rdv !)

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    1. Pas de soucis pour le pavé.
      Alors comme ça dans Phobos y a une crinière flamboyante ? Non mais j'avoue que des fois, j'ai envie de dire aux auteurs : Stop. On a compris. Et comme tu parles de cheveux, je pense à une autrice féminine qui a choisi automne comme couleur. J'étais dubitative face à ce choix. L'automne, c'est orangé les couleurs... Donc elle était peut-être rousse ? Ah non, juste châtain.

      Les scènes de fesses... J'ai lu un roman récemment, c'est à la limite du viol. Du même auteur qu'Amalia cité dans l'article plus haut. D'ailleurs y a un passage où il y a viol mais où l'auteur m'a dit que non, ça ne l'était pas. Sauf qu'en lisant, ça ressemblait beaucoup à la définition juridique. Au niveau du viol, il y a un vrai souci. Que ce soit chez les auteurs, que chez les autrices. (on peut reparler de Diana Gabaldon d'ailleurs... )

      Et c'est vrai qu'à côté, l'alternative, c'est souvent le truc irréaliste. Oh la la la ça dure des heures. Ah bon ? Mais vous êtes au courant que biologiquement ça n'est pas possible ?

      Après j'ai envie de dire que les passages érotiques, c'est pas le truc le plus facile à écrire ou à rendre passionnant. Le pire c'est quand la vulgarité s'invite alors que c'était tout doux. Genre oh mon ange... et ensuite c'est bouffe moi... Je dis pas que c'est pas impossible mais ça tranche tellement. Deux personnes qui se rencontrent, qui se parle tout doux... ça fait vraiment bouffe-moi derrière ? J'ai un gros doute.

      Bref merci encore pour ton commentaire ! :) J'aime beaucoup te répondre !

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