lundi 19 juin 2017

[SP] Trop peu par Loli Artesia

lundi 19 juin 2017
Résumé : Dans une chambre d'hôtel aux lourds rideaux noirs, deux anciens amants se retrouvent après dix ans de silence. Tentent de rejouer leur passé amoureux. Miment des gestes sans les interpréter. Sans parvenir à s'extraire d'eux-mêmes.

La chambre prend des allures de huis-clos, écho au monologue intérieur de Chloé, à la recherche d'un nouveau passé, d'un autre personnage, laissant dans cette parenthèse amoureuse un instant d'inachevé.


Titre : Trop peu

Auteur : Loli Artesia

Edition : Inside me







Pour commencer, je tiens à remercier Loli Artesia de m’avoir permis de lire son roman. Je dois reconnaître quand j’ai découvert l’extrait, avant d’accepter, sa plume m’a beaucoup plu. Pour moi, elle écrit bien, pour ne pas dire très bien. Il y a quelque chose de poétique dans ses phrases. Vraiment…

Sauf que ça n’a pas été suffisant pour que j’adhère à ce monologue intérieur. En fait, je trouve que le « tu » tue tout simplement le récit. Je n’ai rien contre l’usage de ce dernier dans un livre dont le lecteur est le héros. Dans les autres, c’est plutôt dangereux, car le « tu » as tendance à prendre parti, à accuser et à juger. Du coup si le lecteur est en désaccord avec lui, comment pourrait-il s’entendre avec jusqu’au bout du roman ? Dans mon cas, ça a été très difficile.

Oui quand le « tu » a évoqué les féministes, j’ai grincé des dents. J’avais envie de le secouer lorsqu'il énonce que le temps de la lutte est terminé. Des femmes se battent encore tous les jours pour que les leurs s’habillent comme elles veulent… ou pour que l’accouchement ne soit plus un traumatisme pour certaines d’entre d’elles. J’ai aussi tiqué sur la question de l’adultère avec les circonstances atténuantes… Je n’ai pas aimé les messages qu’il transmettait au lecteur.

Et finalement ce « tu » m’a donné l’impression de faire de la psychologie de bas étage. Peut-être parce qu’il se montre souvent trop dur de manière générale. Peut-être parce que je l’ai trouvé injuste. Peut-être aussi parce qu’il est trop vindicatif dans ses propos. Après tout, il est capable de dire à Chloé ce qu’elle n’est pas venue chercher.

Un « tu » plus nuancé aurait peut-être fonctionné. Une chose est sûre, il a fini par me lasser et j’ai galéré pour finir le roman. Pourtant je le voulais afin de comprendre ce qui se cachait vraiment derrière ce « tu ». J’ai fini par obtenir ma réponse. J’ai pu saisir certaines choses sauf que ce n’est pas suffisant pour tout excuser. Je dois reconnaître que l’idée était bonne. Je regrette juste cette exécution maladroite. Le « tu » était trop antipathique pour moi. 


Je ne conseille pas.

mercredi 14 juin 2017

La servante écarlate par Margaret Atwood

mercredi 14 juin 2017
Résumé : Dans un futur peut-être proche, dans des lieux qui semblent familiers, l'Ordre a été restauré. L'Etat, avec le soutien de sa milice d'Anges noirs, applique à la lettre les préceptes d'un Evangile revisité. Dans cette société régie par l'oppression, sous couvert de protéger les femmes, la maternité est réservée à la caste des Servantes, tout de rouge vêtues. L'une d'elle raconte son quotidien de douleur, d'angoisse et de soumission. Son seul refuge, ce sont les souvenirs d'une vie révolue, d'un temps où elle était libre, où elle avait encore un nom. Une œuvre d'une grande force, qui se fait tour à tour pamphlet contre les fanatismes, apologie des droits de la femme et éloge du bonheur présent.

Titre : La servante écarlate
Auteur : Margaret Atwood
Edition : Pavillons Poche - Robert Laffont


 
Aujourd’hui, je vais vous parler d’une dystopie, que j’aurais aimé découvrir bien plus tôt. Je veux parler de la servante écarlate écrit par Margaret Atwood, qui est désormais adapté en série. Bon, comme je ne suis pas série, j’ai opté pour le livre.

Je ne l’ai donc pas regretté. J’ai découvert un livre prenant dont le futur est glaçant de réalisme. J’ai beaucoup aimé la narration avec une héroïne qui évoque son expérience. Elle a connu l’ancien gouvernement. Elle a vécu l’arrivée du nouveau, qui a fini par l’asservir sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte. Elle n’a pas été la seule à ne pas le voir. Nombreux ont été ceux à n’avoir rien vu venir. Du jour au lendemain, les femmes ont ainsi été privées de leurs libertés. Mais ce n’est pas la seule chose qu’elles ont perdue…

Dans cette dystopie, le sort des femmes est terrible. Defred nous raconte le sien, celui d’une femme condamnée à se faire violer pour permettre à d’autres couples d’avoir un enfant. Si elle réussit à offrir un enfant, elle pourra éviter un séjour aux colonies, un lieu où il ne vaut pas mieux être envoyée. Au fil des pages, Defred nous décrit d’autres femmes, comme sa mère ou encore Moïra, que j’ai beaucoup apprécié et dont j’ai espéré avoir des nouvelles à chaque retour dans le présent. Cette dystopie est sombre. Les règles y sont injustes…

Mais le pire, c’est, comme souvent, ce côté si réaliste. Comme toujours, j’ai du mal à faire une chronique d’un livre qu’il vaut mieux lire pour réaliser la puissance de son propos. Si vous avez l’occasion de lire, faites-le, car ce livre a beaucoup de choses à raconter. Il pousse à réfléchir. Il est troublant. Malsain. Un chef d’œuvre. Un coup de cœur.

Je conseille.

lundi 12 juin 2017

D'amour et de Haine, tome 1 : Quand tout bascule par Sonia Alain [SP]

lundi 12 juin 2017
Résumé : 1914, l'année de tous les dangers.

Adélaïde de Beauchamp est une jeune lady qui s'est vue contrainte de quitter l'Angleterre à la suite d'un scandale. Sommée par ses parents de revenir chez elle au bout de deux ans, elle s'embarque sur l'Empress of Ireland, un paquebot luxueux qui effectue la liaison entre la ville de Québec et l'Angleterre.

En cette nuit du 29 mai, période de l'année où les eaux sont encore glaciales dans l'embouchure du fleuve Saint-Laurent, l'Empress of Ireland fend doucement la nappe brumeuse lorsqu'il est soudainement embouti par un charbonnier. Personne n'aurait pu prévoir le drame !

Dès lors, le destin d'Adélaïde sera changé à tout jamais...

Titre : D’amour et de haine, tome 1 : Quand tout bascule
Auteur : Sonia Alain
Edition : Ada Editions

 
Aujourd’hui, je vais vous parler du premier tome d’amour et de haine, la nouvelle saga de romance historique écrite par Sonia Alain. Je tiens d’ailleurs à remercier cette dernière de m’avoir confié ce nouveau bébé avec une belle dédicace.

Alors ai-je été transportée par cette romance ? Oui. À un détail près. D’ailleurs, je pourrais même dire que la saga porte bien son nom. Si j’ai aimé Adélaïde, j’ai haï bien souvent Aidan. Plusieurs fois, j’ai eu envie de le gifler parce qu’il est vraiment, mais alors vraiment odieux avec Adélaïde. En plus, il ne sait pas ce qu’il veut. Bon, son passé peut toucher sauf que ça n’excuse en rien son comportement avec la jeune femme. Certes, son métier peut expliquer ses réticences à céder, mais sérieux, je l’ai trouvé d’une indécision peu professionnelle. Franchement, Adélaïde mérite mieux que ça…

Bon okay, elle a fait une grosse erreur de jeunesse. Elle s’en veut. C’est normal. Après méritait-elle de souffrir autant ? Je ne pense pas. En plus, elle a droit à des ennuis à cause d’Aidan, ce qui fait que je lui en voulais encore plus à lui. Donc oui, j’ai été profondément touchée par Adélaïde, par sa détresse suite au drame qu’elle a vécu et je pense sincèrement qu’elle mérite mieux qu’Aidan. (Non, je n’insiste pas du tout. Et je sais, l’amour a ses raisons que la raison ignore !) J’espère s’il va se racheter dans la suite de leurs aventures, et si ce n’est pas le cas, je pense que j’irais trouver une machine à remonter le temps pour lui faire la leçon. (Donc oui, je lirai le tome deux.)

Néanmoins, cette absence d’affinité à l’égard d’Aidan ne m’a pas empêché d’apprécier ce premier roman. Comme à son habitude, Sonia Alain a su prendre le temps de se documenter pour immerger son lecteur au cœur de l’année 1914. Sa plume est toujours aussi agréable à lire. Elle entraîne ses personnages dans une aventure bien rythmée où les nerfs des héros sont mis à rude épreuve. (Non ça n’excuse toujours pas Aidan) Il est clair que les amateurs de romance historique devraient trouver leur bonheur avec cette histoire dont le titre colle parfaitement à la relation entre Adélaïde et Aidan. Oui, ils s’aiment et se haïssent tout en restant attirés l’un à l’autre. 


Je conseille. 

lundi 17 avril 2017

[BD] Collaboration Horizontale par Navie et Carole Maurel

lundi 17 avril 2017
Résumé : 1942, Paris, Passage de la Bonne Graine. Rose, pour sauver son amie juive, Sarah, décide d’intervenir auprès de l’officier chargé de l’enquête, Mark. Rose est mariée à un prisonnier de guerre, avec qui elle a un enfant. Pourtant elle va se lancer dans une passion avec cet Allemand qui va lui révéler la femme qu’elle est. Cet immeuble est le sanctuaire de femmes héroïques et ordinaires, veuves ou célibataires, juives ou athées, scandaleuses ou acariâtres

Titre : Collaboration Horizontale
Scénariste : Navie
Illustratrice : Carole Maurel
Édition : Delcourt


Il était une fois des femmes durant l’occupation. Il était une fois leurs vies au sein d’un immeuble. Chacune a sa vie. Chacune a ses secrets. Les apparences se révèlent trompeuses. Ou peut-être pas ? Chacune peut toucher dans sa détresse. Avec d’autres, il y a une hésitation entre la compassion ou la pitié. Une chose est sûre, les jugements sont là. Même en temps de guerre.

Rose est l’héroïne, mais elle n’est pas seule. Elle est entourée de personnages hauts en couleur. J’ai eu envie d’en gifler certains tandis que d’autres me donnaient juste envie de les serrer dans mes bras. J’ai voulu hurler à l’injustice parce que non, tout ne l’est pas. Je ne peux pas trop en dire sans prendre le risque de révéler l’intrigue, mais j’ai eu mal au cœur par moments. J’ai une tendresse particulière pour le mari de la gardienne, mais aussi Joséphine.

Les dessins servent l’histoire à merveille. Je ne suis pas une spécialiste, mais j’ai apprécié la mise en scène de certaines planches. Elles retranscrivaient à la perfection les émotions que ces moments pouvaient inspirer. Elles étaient clairement plus parlantes que les mots. J’aime beaucoup le fait qu’à la fin deux lettres nous soient révélées. C’est un véritable plus qui permet de voir certains passages différemment.

En conclusion, Collaboration Horizontale est une bande dessinée historique à découvrir. Elle lève le voile sur une partie sombre de notre Histoire. Elle nous offre une autre vision des événements et nous rappelle à quel point les préjugés peuvent être destructeurs.

Verdict : Je conseille.

jeudi 16 février 2017

La Rumeur, tome I : La fuite par Solenne Hernandez

jeudi 16 février 2017
Résumé : La crise a sévi bien plus que de raison au fil des années, au point de rendre les cœurs aussi vides que les maisons. Mais un nouveau gouvernement s'est érigé en sauveur de l'humanité : le Secteur.

Alors que le monde semble courir à sa perte, le Secteur dit avoir trouvé une solution.

Mais à quel prix ?

Dans cette vie où plus rien ne compte, les rêves sont, dit-on, devenus inestimables.

Si rares, si précieux, que le Secteur a décidé de s'en emparer.

Titre : La Rumeur, tome I : La Fuite
Auteur : Solenne Hernandez
Edition : Auto-Edition

La Fuite.

Premier tome de la Rumeur écrit par Solenne Hernandez. Si vous me suivez sur Twitter, vous avez déjà dû me voir vous conseiller cette histoire. Aujourd’hui, je me décide enfin à vous offrir mon avis en version longue sur une vraie dystopie issue de l’auto-édition.

J’ai aimé ce voyage même si tout n’y était pas parfait. Oui, la Fuite a quelques défauts, qui l’empêchent d’être un coup de cœur.

Parmi les bémols, je retiens l’absence de chapitres dans la mise en page. Il n’est pas possible de naviguer chapitre par chapitre. Alors sur un livre papier, ce n’est pas dérangeant en soi puisque l’on peut le remplir de post-it. Sur un ebook, c’est un peu plus fastidieux de retrouver certains passages. C’est un petit problème de mise en page, qui n’est pas dans le second tome.

L’autre souci réside dans le rythme de l’histoire. La Fuite n’est pas haletante. Elle aurait pu, mais comme elle met en place l’univers, il y a des moments plus calmes. Certains le sont peut-être un peu trop alors que la menace paraît bien réelle. En fait, cette baisse de rythme vient de quelques longueurs, des instants moins passionnants où les adolescents se contentent de marcher entre un retour dans le passé ou un changement de point de vue intéressant.

Maintenant que les défauts sont énoncés, évoquons les qualités.

Tout part d’une rumeur, que deux enfants veulent entendre de la bouche de leurs parents. Puis cette rumeur se dévoile au fil des chapitres pour révéler un univers difficile dans lequel il n’est pas aisé de survivre. Alors, autant le dire de suite, nous sommes face à un énième cas d’auteur sadique avec ses personnages. Elle peut avoir à faire à un enfant, à un adolescent ou un adulte, ça ne change rien. S’il faut tuer, elle tuera… et ça, c’est bien pour rendre la menace bien réelle.

J’ai aussi aimé que cette dystopie ne soit pas une de ses romances dystopiques que l’on vend aux jeunes adultes et aux adolescents… et que je ne peux plus voir en peinture. J’aime un peu trop les bonnes vieilles dystopies avec un monde effrayant parce que totalement réaliste. Ici, j’ai donc eu la joie de ne voir aucune romance plomber l’intrigue. Alors peut-être que des liens amoureux vont unir certains personnages, mais c’est totalement secondaire. Je dirais que la méfiance, les liens fraternels et l’amitié dominent. Je retiens la relation entre Oswald et Brewen notamment. Ou encore celle d’Eulalie et de Gabe.

Alors oui, les héros sont des adolescents. Pourtant, ils ne sont pas énervants. Ils ne sont pas au beau milieu d’une crise d’adolescence. Ils ne pensent pas tous savoir. Ils ne sont pas infaillibles. Ce sont des adolescents avec leurs qualités, leurs défauts, leurs forces et leurs faiblesses. Ce sont des êtres humains. En plus, l’autrice parvient à gérer des personnages traumatisés par ce qu’ils ont vécu. J’ai aimé Oswald alors que ce n’est pas forcément le personnage qui doit être le plus facile à écrire. J’ai un petit faible pour un personnage féminin, mais je ne peux pas trop dire son nom sans briser un effet de surprise dans l’histoire.

J’ai apprécié les retours dans le passé où l’on prend le temps d’en apprendre plus sur les nouveaux arrivants. Cela permet d’étoffer leurs backgrounds. J’ai aussi aimé le fait que ce ne soit pas systématique parce que sinon on aurait sombré dans le redondant. (Même si j’aurais voulu en savoir plus sur certains, mais le second tome sera sûrement là pour m’en apprendre plus) Les changements de point de vue étaient donc bienvenus permettant d’avoir une vue d’ensemble sur l’univers. Il n’était donc pas seulement question de suivre des adolescents dans leur quête de survie, mais aussi d’entrer dans la tête des adultes qu’ils soient ennemis ou alliés.

Quant à la fin, elle est cruelle, mais elle laisse espérer de l’action dans le prochain tome. Les promesses sont là, le potentiel aussi, il ne reste plus qu’à espérer que le tout se concrétise.

La Fuite est donc une bonne surprise dans cet océan de l’auto-édition. Quelques longueurs sont présentes, mais ne suffisent pas à gâcher le potentiel de cette histoire, l’envie de savoir quel avenir est réservé à nos adolescents. (Pas tête à claques, j’insiste ! Et j’y tiens !) Ce n’est pas un coup de cœur. Par contre c’est un bon début, qui me fait espérer que la saga dans son ensemble sera un coup de cœur !




Verdict : Prometteur

Encore un Chapitre © 2014